A travers ce bref article je souhaiterai ici rendre hommage à un ingénieur passionné: Jean-Marie Klinka.

J’ai bien connu cet homme exceptionnel, mais je souhaite ici m’effacer pour vous parler de ses apports pour notre aviation.

Jean-Marie Klinka s’est éteint dimanche 14 mars 2021. La France perd un ingénieur de grand talent qui avait su se faire apprécier de tous.

Pour ceux qui ne le sauraient pas, par sa contribution il aura permis à la France de monter sur la plus haute marche des podiums de voltige aérienne mondiaux.

Il est en effet le père de nombreux avions de voltige français, et disposait d’un savoir-faire exceptionnel en matière de conception de structures d’avions légers. Embauché chez Mudry au début des années 70, son premier travail a été d’alléger le CAP 20, il en sortira le CAP 20L soutirant au modèle original quelques 150 kg ! L’avion est plus élégant, mais le jeune ingénieur ne s’arrête pas là. Son projet suivant sera le CAP 21 appareil dont les performances tendent à rattraper la concurrence étrangère.

En 1984, il entre à l’ENSICA en tant que professeur en charge de l’enseignement du logiciel CATIA, et développe l’optimisation d’un longeron bois par adjonction de fibre carbone.

En 1990, il quitte son poste et créé la SERMA à Orléans, là, il travaille d’abord en sous-traitance pour la SOCATA, pour René Fournier avec le RF 47 et développe un avion biplace de voyage, l’Oryx.

Parallèlement, il renoue avec la voltige et les avions de compétition, prenant la suite de Michel Dozière qui, durant son absence de chez Mudry a développé le CAP 230 qui deviendra CAP 231. C’est avec cet avion que, pour la première fois depuis des années, un français, Claude Bessière va remporter le titre de champion du monde en 1990 à Yverdon. Cet avion Jean-Marie Klinka n’aura de cesse de l’améliorer. La première étape est d’introduire du composite au niveau de la voilure, il en fera le CAP 231 EX qui se caractérise par une aile développée en collaboration avec Walter Extra. L’avion marche fort, gagnera, et sera encore dangereux pour concurrence aux mains de Renaud Ecalle lors des championnats du monde de 2007.

Naturellement le travail de développement s’est poursuivi avec le CAP 232, qui a permis à la France de dominer les compétitions jusqu’à l’accident tragique de Jean-Michel Delorme en 2005 qui l’a profondément marqué.

Ses dernières contributions pour la voltige seront: un travail sur le longeron des CAP 10B permettant de récupérer l’intégralité du domaine de vol qui deviendront après adoption de sa solution de réparation CAP 10BK, et enfin le projet d’un remplaçant du CAP 10, projet aujourd’hui conduit à son terme puisque l’avion vole : l’Intégral d’Aura Aero.

En 2002, il rejoint la DGAC en qualité de responsable de certification des avions léger, ou il n’aura de cesse d’être à l’écoute de tous y compris des amateurs. Retraité, il poursuivait toujours son idéal dispensant aux jeunes ingénieurs son savoir-faire.

En quelque ligne difficile de retracer l’intégralité de cette vie si riche, j’aurai pu évoquer ses travaux pour SAGEM ou encore sur le CAP X, et bien d’autres choses…

Pour ceux qui voudraient en savoir plus, sur cette carrière impressionnante, Jean-Marie Klinka nous a laissé un ouvrage retraçant sa vie d’ingénieur : « Voler ou ne pas voler, telle est la question… », je ne peux que vous engager à le demander à la Mission Mémoire de la DGAC qui en assure la distribution à titre gracieux.