Se trouver seul face à une liasse de plans est un peu déroutant pour tout néophyte, pourtant, l’erreur fondamentale serait de mettre de côté ces précieux documents. Aussi je vous invite à découvrir au travers de l’exemple du Breguet 904s les travaux réalisables autour de ces documents. Certains trouveront ces travaux fastidieux, et croyez-moi ils le sont. Pourtant à mon sens, ils sont essentiels à toute bonne restauration et permettent malgré l’ingratitude apparente de disposer d’une excellente connaissance de la machine.

Que faire pour disposer de plans ?

Il n’y a pas de secret, il faut se bouger !

Se bouger, c’est visiter des centres d’archives, prendre des contacts, se déplacer, acquérir les documents papier ou trouver une solution pour les numériser.

À titre personnel, lors de l’acquisition du planeur, je n’avais que très peu de documentation. J’ai donc commencé par me renseigner pour savoir où je pourrais trouver les plans du Breguet 904.

C’est ainsi, que j’ai appris que le GGPA d’Angers avait fait numériser la liasse de mon planeur. C’est donc naturellement que j’ai mis la main à la poche pour acquérir un exemplaire de cette liasse numérique.

Mon travail ne s’est pas arrêté là, il ne faisait que commencer.

L’essentiel est de disposer de l’information. Sous forme papier, le plan est encombrant, peut être abîmé voire peut disparaître à tout moment (mauvais vieillissement conduisant un effacement des données, incendie, etc). Le support numérique offre l’avantage de disposer de quelque chose qui peut être multiplié à l’infini et, permet de laisser aux institutions propriétaire les originaux en lieu sûr.

À quoi ressemble un plan ?

L’image ci-dessous vous montre un plan simple du Breguet.

Sur tout plan se trouve ce que l’on appelle le « cartouche ». En fait, il s’agit ni plus ni moins que du grand tableau en bas contenant diverses informations utiles à la compréhension du dessin.

Dans le cadre d’une première analyse il est important de mettre en exergue deux informations capitales:

  • le numéro du plan (entouré en violet) : « 904S.41.12 »,
  • la désignation (entourée en vert), ici « Butée de train rentré ».

D’autres informations sont présentes. Ainsi on trouvera de bas en haut :

  • un cadre (entouré en orange) destiné à identifier le dessinateur ainsi que le vérificateur et dans lequel on trouvera également la date d’enregistrement du plan,
  • Le numéro du plan d’ensemble supérieur (élément contenant la pièce dessinée sur le plan et entouré en bleu),
  • les données relatives aux pièces (encadrées en rouge).

Nous verrons par la suite comment j’ai utilisé ces informations.

Certains auront remarqué que je ne me suis pas préoccupé de l’échelle du plan (information portée en bas à gauche sous le tableau entouré en orange). La raison est simple : celle-ci n’a que peu d’intérêt dans le cadre d’une version numérique.

Sur une version papier, l’échelle permet par mesure directe de connaître une éventuelle dimension qui aurait échappé à la cotation du dessin.

Généralement, les dimensions sont portées sur le dessin lui-même et sont suffisantes pour reproduire la pièce dans son intégralité sous forme numérique. Sinon, il faut cogiter et trouver une solution…

Première étape : le tri et première analyse.

Nous avons vu plus haut que deux informations étaient capitales. En effet, elles m’ont servi à renommer le fichier (je rappelle que je travaille sur une base numérique).

Avant toute chose, j’ai donc commencé un travail un peu fastidieux : renommer chaque fichier par son numéro de plan et sa désignation.

Ainsi, on aura pour ce plan : « Br-904s-41.12 Butée de train rentré.tif ».

En réalisant ce travail pour chaque fichier, on obtient un dossier intéressant. L’ordinateur a la bonne idée de classer les fichier au fur et à mesure, et commence ainsi automatiquement à mettre les plans dans un ordre particulier : celui de la numérotation.

On voit alors apparaître des groupes et une architecture générale de classement des plans.

On s’apercevra que tous les plans commençant par 4x (40,41, 42, etc.) sont relatifs au train d’atterrissage et à la béquille arrière. J’ai donc nommé ce groupe « Atterrisseurs » et créer un dossier associé dans lequel j’ai glissé tous les plans commençant par 40.

Dans le cadre du Breguet 904 cette architecture est la suivante :

  • 00. Plan 3 vues et généralités (traitement de surface des pièces).
  • 1x. Voilure
  • 2x. Fuselage
  • 3x. Empennage
  • 4x. Atterrisseurs
  • 6x. Électricité
  • 7x. Aménagements intérieurs

En affinant du côté des atterrisseurs, on trouve des plans commençant par 40, par 41, par 42, et par 47. En observant ceux à quoi se rapporte chaque plan, on obtient ainsi quatre dossiers dans lesquels j’ai glissé les plans associés.

On a donc :

  • 40. Atterrisseur avant
  • 41. Détails de l’atterrisseur avant
  • 42. Béquille
  • 47. Dispositif de commande

Deuxième étape : comprendre la logique sous-jacente de classement

Pourquoi y a-t-il un trou entre 42 et 47 ? À vrai dire, je ne sais pas. Ou plutôt j’ai une excellente théorie sur le sujet (sûr à 99%) : chaque maison avait son propre système de numérotation de plans (aujourd’hui on classe les sous-ensembles avec les normes ATA 100 ou S1000D, mais c’est une autre histoire). Pour Breguet les plans commençant par 4x était de la classe des atterrisseurs. Ce classement était valable pour tous les types d’avions qui ont été fabriqués chez le constructeur. Aussi en fonction du type d’atterrisseur équipant la machine un code de classement était attribué. Il y a donc fort à parier que les numéros 43, 44, 45, 46 étaient pris par d’autres types d’atterrisseurs (un code devait ainsi être présent pour les atterrisseur auxiliaire par exemple qui n’existe pas sur le planeur).

Il est donc normal d’avoir des trous dans la numérotation.

La suite de l’analyse dans un prochain article…